TECHNIQUE DE BASE POUR FORMER LES FEUILLUS : "CLIP AND GROW"

La technique du "clip and grow" permet de former en bonsaïs la plupart des feuillus : avec elle, on obtient des troncs qui développent de belles courbes ou des ruptures, et qui possèdent une belle conicité, avec une base massive ; on obtient aussi des branches basses plus grosses que les branches du sommet, toutes avec conicité et mouvement.
Les arbres formés ainsi ont donc un aspect très naturel et des proportions harmonieuses.

Le principe de base de cette technique -comme son nom anglais l'indique "couper et faire grandir"- est de laisser pousser l'arbre librement afin de le faire grossir, puis de tailler très court pour l'obliger à émettre de nouveaux bourgeons et de repartir ensuite sur de nouvelles pousses, qui assureront la continuité du tronc et des branches.

EXPLICATION :
Lorsqu'on taille les rameaux de l'année (= taille d'entretien), on bloque la croissance.
Au contraire, si on laisse pousser, le tronc -ou la branche- s'allonge et développe beaucoup de feuillage ; ce dernier produit, par la photosynthèse, de l'énergie qui sert à créer de nouveaux tissus : c'est le "tire-sève". Plus on laisse s'allonger le tire-sève, plus son diamètre augmente, lorsqu'il se lignifie.
N.B. Le "clip and grow" fonctionne d'autant mieux que l'arbre est cultivé dans un grand pot, voire en pleine terre. Ne pas oublier que tout ce qui se passe en haut, se passe aussi dans le sol : l'augmentation massive du feuillage stimule l'apparition de racines, et réciproquement...
1. LE "CLIP AND GROW" EN IMAGES :












2. COMMENT PROCÉDER ?
On laisse tiger jusqu'à obtenir au moins la moitié du diamètre souhaité (l'arbre continuera à s'épaissir lorsque'on le laissera tiger à nouveau), et on taille le tire-sève en hiver, pendant la période de dormance, en mettant du mastic au niveau de la coupe pour améliorer la cicatrisation et éviter un dessèchement trop rapide ainsi qu'un retrait de sève trop important.

Le tire-sève est toujours taillé un peu au-dessus de l'endroit où on veut avoir des bourgeons, parce que certaines essences ne produiront pas forcément de bourgeons au niveau de la coupe, mais 1 ou 2 centimètres en dessous de celle-ci.
La coupe doit être perpendiculaire à la branche : c'est une fois que les rameaux qu'on aura sélectionnés se seront développés, qu'on pourra creuser la coupe et la travailler pour qu'elle se referme.



Au printemps, quand les bourgeons apparaissent, il faut en sélectionner un pour assurer la continuité du tronc, et éventuellement pour former les futures branches charpentières.
Quand il s'agit d'une branche, on conserve un bourgeon sur le dessous ou sur le côté : un rameau qui émerge du dessus poussera rapidement à la verticale ; un rameau qui émerge du dessous fera une courbe pour remonter, en donnant du mouvement, et sera plus naturel et esthétique.
On peut bien sûr poser une ligature un peu lâche afin de guider le rameau dans la bonne direction.
3. LE PROBLEME DES COUPES
L'inconvénient du "clip and grow", c'est que cette technique laisse de grosses coupes, surtout lorsqu'on veut former un gros tronc.
Au bout de quelques semaines, on voit apparaître un bourrelet cicatriciel mais, lorsque la coupe est trop grosse, ce bourrelet n'évolue plus. Il faut alors le stimuler à nouveau pour qu'il continue de fermer la plaie ; pour cela, au printemps, on rogne légèrement, avec un cutter ou un couteau bien aiguisé, l'intérieur du bourrelet sur environ 1 millimètre, ce qui a pour effet de relancer la cicatrisation.
Il faut savoir que plus on laisse un bonsai pousser librement, plus il développe de feuillage et plus le flux de sève est important, ce qui implique une cicatrisation plus rapide.
A noter que, sur certains feuillus -tels que les oliviers ou les buis, qui ont un bois très dur résistant bien aux intempéries- on a la possibilité de traiter la coupe en bois mort (jin ou shari) ; de toutes façons, ils cicatrisent très mal.
4. UTILISATION DU "CLIP AND GROW" SEULEMENT SUR UNE PARTIE DE L'ARBRE
On peut recourir à la technique du "clip and grow" sur une partie seulement de l'arbre, chez un sujet déjà formé : par exemple si la branche la plus basse, qui devrait être la plus grosse, est plus fine que celles qui sont au-dessus ; ou si on veut créer une nouvelle branche à partir d'un bourgeon, pour combler un trou et améliorer l'esthétique.
En ce cas, on taille régulièrement le bonsaï, sauf la partie qu'on souhaite faire grossir et qu'on va laisser tiger : les parties taillées vont conserver le même diamètre, tandis que celles qui poussent librement vont devenir plus fortes. En quelques années, il est possible d'obtenir une branche au diamètre souhaité !