LA MARCOTTE
Le marcottage est une technique horticole fort utile au bonsaïka, puisqu'elle lui permet de faire naître des racines à un endroit précis,
-soit pour récupérer la partie haute d'un arbre qu'il veut réduire (cela lui permet d'obtenir deux bonsaïs à partir d'un seul !)
-soit pour améliorer l'esthétique du bonsaï, en créant un nouveau nebari en étoile.
LE PRINCIPE DE LA MARCOTTE
Le principe de la marcotte repose sur le fonctionnement de l'arbre et la circulation des sèves au coeur de l'arbre.

   

La sève brute circule dans l'aubier, des racines vers les feuilles ; la sève élaborée par la photosynthèse circule dans le liber, des feuilles vers les racines, les deux réseaux de sève étant séparés par le cambium, qui génère branches ou racines.

La marcotte consiste à laisser monter la sève qui alimente le feuillage mais à en couper la circulation descendante : on enlève donc l'écorce, le liber et le cambium (fine couche de couleur verte) sur tout le pourtour d'un tronc ou d'une branche, en laissant intact l'aubier.


Ainsi les feuilles, toujours alimentées par les racines, continuent à fabriquer sucres et hormones qui vont s'accumuler là où est interrompu le flux descendant (bord supérieur de la marcotte) et où le cambium, au niveau de la coupe, va susciter l'apparition de nouvelles racines.
QUAND MARCOTTER ?
Il faut marcotter quand l'arbre est en pleine végétation, lorsque les feuilles sont déjà bien développées, de la mi-mai à la mi-juin selon les régions, mais pas trop tard pour que l'arbre puisse créer un nouveau racinaire avant l'hiver.

On sèvre la marcotte après quelques mois si les racines émises sont suffisantes, ou au printemps suivant.
COMMENT MARCOTTER ?
On retire un anneau à l'endroit où on veut séparer la marcotte de l'arbre et générer de nouvelles racines.
Pour ce faire, avec un outil bien tranchant, on fait 2 incisions parallèles, suffisamment éloignées l'une de l'autre pour que l'arbre ne puisse pas cicatriser en recollant les deux bords (1 cm au minimum - en principe la hauteur de l'anneau est fonction du diamètre de la branche ou du tronc), puis on supprime l'écorce, le liber et on gratte le cambium, en allant jusqu'à l'aubier (aisément identifiable puisque plus dur).

   

On serre ensuite un fil de ligature en aluminium en haut de la zone dénudée, partie que l'on peut éventuellement badigeonner d'hormones de bouturage.

 

Enfin on place autour de la marcotte un contenant qu'on fixe solidement :
      -sac plastique opaque, voire noir pour couper les rayons directs du soleil et accumuler la chaleur propice au développement des racines (on peut aussi utiliser un plastique transparent qu'on recouvre de plastique noir : cela permet, en retirant ce dernier, de surveiller la pousse des racines) ;
      -godet ou pot qu'on aura fendu et découpé pour l'adapter au diamètre du tronc ou de la branche.
On remplit ce contenant de sphaigne pure ou mélangée à de l'akadama ou à un autre substrat (auquel cas on prend soin d'entourer la partie écorcée avec la sphaigne bien humide, avant de remplir).

   

Le substrat doit être maintenu humide jusqu'au sevrage de la marcotte, mais attention à l'excès d'eau qui ferait pourrir les racines, d'où l'importance de prévoir des trous d'évacuation !
L'arbre, placé ensuite dans un endroit lumineux, sera tourné régulièrement pour que les racines se développent sur tout le pourtour de la marcotte.

Quand les racines se sont bien développées, on peut procéder au sevrage de la marcotte, en sciant au-dessous du pain racinaire (on coupera le "moignon" restant lors d'un prochain rempotage, une fois les racines fortifiées). On retire délicatement le substrat pour ne pas casser les racines encore fragiles, et on met l'arbre dans un pot de culture : ne pas le fixer par le racinaire, mais par les branches ou alors en vissant le moignon sur une planchette que l'on pourra solidement accrocher au pot.
MARCOTTES RATEES ?
Deux cas :
Le cambium n'a pas été bien gratté : il va réparer les tissus pour rétablir le flux de sève au lieu de créer de nouvelles racines. L'entaille est trop profonde et a coupé le flux de sève brute ascendante : les feuilles ne sont plus alimentées, et c'est la mort de la partie marcottée.