LA METHODE DE WALTER PALL : LA "RESTAURATION" D'UN ERABLE
Article emprunté au blog de Walter Pall et traduit de l'anglais.
mai 2005
L'arbre est arrivé dans mon jardin dans cet état. Le propriétaire précédent l'avait conservé dans une bouillie d'akadama et pensait qu'il améliorerait automatiquement l'arbre en le pinçant.
La couronne est beaucoup trop large et plate, les feuilles cachent des branches mal structurées, et beaucoup de branches sont mortes. Le substrat, beaucoup trop compact, a entraîné des dommages importants dans les parties supérieures de la couronne.

Le nebari pourrait être beaucoup mieux et l'érable est planté trop haut dans son pot.
mai 2005
La photo montre probablement la face arrière de l'arbre, bien que le nebari semble plus satisfaisant que sur la face avant.
mai 2008
La première étape a été une forte taille. La silhouette est délibérément gardée un peu plus petite qu'idéalement afin de laisser de la place pour un supplément de végétation. Si on réduisait à la forme idéale, la couronne aurait tôt fait de devenir trop grosse et devrait être de nouveau fortement taillée.
mai 2008
J'aurais aimé libérer l'arbre de l'akadama compacté, mais il était clairement trop tard dans l'année. Cela aurait été possible à l'automne, mais ce n'était pas d'une telle urgence. En tout cas, le nebari a été fortement travaillé : c'est déjà une grande amélioration.
L'arbre n'est pas bien positionné dans son pot.
juillet 2008
Parce que cette variété a une dominance basale, le sommet doit être renforcé en permettant à certaines pousses sélectionnées de pousser librement. Le tronc du centre doit être le plus grand et le plus épais. Si on n'y travaille pas activement, c'est exactement le contraire qui se produit. Ce tronc en particulier doit être renforcé en utilisant des branches de sacrifice.
janvier 2009
On peut mieux évaluer un arbre à feuilles caduques sans ses feuilles. Il est maintenant évident que l'arbre central devrait être beaucoup plus épais et un peu plus haut. Le propriétaire précédent n'est pas parvenu à grand chose au bout de maintes années de pincement. L'arbre semble plutôt piètrement développé.
Le pot de Bryan Albright semble trop imposant.
avril 2009
L'érable a été rempoté dans un pot du Japon plus adapté. La plus grande partie de l'akadama compacté a été retirée. La motte a été fortement réduite et les racines dégagées. Au niveau du substrat, de nombreux matériaux conviennent, qui ne se désagrègent pas dans le froid et l'humidité. Dans ce cas, j'ai utilisé de l'argile expansée avec 15% de tourbe. Cela permet d'apporter beaucoup d'eau et d'engrais sans avoir à s'inquiéter.
novembre 2009
En deux périodes de croissance, la formation est déjà bien avancée. Les branches sont mieux ramifiées, le tronc principal est plus fort et le nebari s'améliore constamment.
La couronne est encore un peu trop plate. C'est maintenant le meilleur moment pour un travail détaillé sur la couronne.
novembre 2009
Les branches de sacrifice de la couronne ne doivent pas devenir trop épaisses, sinon elles produiront de vilaines cicatrices. C'est pourquoi elles sont entièrement supprimées : elles repousseront l'été suivant. La couronne est travaillée avec une paire de ciseaux pointus. Les branchettes et les moignons de branches mortes sont supprimés. Les branches sont réduites à un ou deux bourgeons, et celles qui poussent dans la mauvaise direction doivent être complètement supprimées.
mars 2010
Deux ans après sa "restauration", l'arbre semble plutôt bien. Les érables japonais sont des arbres très élégants qui, à chaque saison, ont un aspect différent mais toujours plaisant. C'est particulièrement le cas au printemps.
Néanmoins, la couronne doit être développée davantage - être content, c'est la fin de l'Art !
octobre 2010
L'arbre semble très bien à l'automne aussi. Pourtant, ce n'est pas encore le moment d'exposer l'arbre. Il faut continuer à corriger les troncs. Avec des haubans solides, ils sont contraints à prendre une nouvelle position. On a intérêt à exagérer quelque peu parce que l'arbre va malgré tout revenir un peu en arrière.
novembre 2010
Une fois les haubans enlevés et la couronne soigneusement nettoyée, l'arbre est - pour la première fois - vraiment prêt à être exposé. Bien sûr, il y a encore des problèmes. La grande blessure sur le tronc en face avant est laide à regarder. Mais il n'y a rien à faire sinon attendre de nombreuses années. Le tronc du milieu est maintenant clairement le plus haut et la couronne n'est plus entièrement plate et uniforme.
mars 2011
Il est tentant de voir cette ravissante nouvelle pousse comme un signal que l'arbre est «fini» et d'apprécier sa beauté à partir de maintenant. Mais ce serait transiger sur le long terme. Le tronc principal doit continuer à croître fortement, les blessures doivent cicatriser, et le nebari peut être grandement amélioré. Mais de telles choses n'arrivent pas toutes seules : cela demande beaucoup de travail.
avril 2011
Ici, vous pouvez voir clairement que le pincement a été complètement évité. On a laissé l'arbre pousser complètement. Six semaines plus tard ou plus, la nouvelle pousse est devenue assez longue. Maintenant, la couronne est coupée rapidement avec un taille-haie. En fait, c'est comme tailler une haie : l'exactitude de la coupe n'a pas d'importance et même, cela ne fait rien si des feuilles sont partiellement coupées. Seul compte le résultat à long terme.
octobre 2011
Pendant l'été, l'arbre a été taillé deux fois avec le taille-haie. On a permis aux branches de sacrifice sélectionnées de se développer sans restriction. La beauté momentanée est sacrifiée au bénéfice de la qualité à long terme. Ce sera ainsi quelques années de plus. C'est la seule façon de transformer un arbre moyen en un bonsaï de premier ordre.
octobre 2011
A l'automne, la couronne de l'arbre est coupée à nouveau avec le taille-haie, même les branches de sacrifice. Tant qu'il y a des feuilles sur les branches, cela n'a pas beaucoup de sens de regarder de trop près où l'on coupe et ce que l'on coupe. Ce sera le cas dans quelques semaines, quand l'arbre sera nu.
La photo montre de véritables cisailles pour haies.
octobre 2011
Le résultat ne semble pas mal du tout. Mais l'arbre a été préparé pour être vu l'hiver. Tant que les feuilles sont sur l'arbre, vous ne pouvez pas vraiment le voir. La couronne n'est rien d'autre qu'une grosse boule de feuilles. Les amateurs préfèrent généralement qu'un arbre ait belle apparence en été, mais les professionnels préfèrent son aspect en hiver. Un compromis n'est pas toujours utile et conduit généralement à des faiblesses sur l'ensemble.
novembre 2011
Quatre semaines plus tard, les feuilles sont enlevées. La couronne est maintenant soigneusement taillée. A ce stade, vous ne pouvez que deviner où les branches de sacrifice ont poussé ; les cicatrices évoluent bien. Deux des troncs du groupe doivent encore être contraints à prendre une meilleure position. Malheureusement, cela n'est possible qu'avec des haubans.
avril 2012
Cette vue est la récompense pour tout le travail. Les haubans ne sont retirés que pour les photos, puis remis en place. Parce que le reste est presque parfait, la vilaine grosse blessure de l'arbre en face avant est maintenant très apparente, bien qu'elle se soit sensiblement cicatrisée du fait que l'érable a été capable de produire beaucoup d'énergie grâce à une pousse abondante. Le tronc principal pourrait également devenir beaucoup plus fort encore - mais, à un niveau élevé, c'est pinailler !
novembre 2012
Nous sommes en novembre et les feuilles sont retirées à nouveau. On peut voir clairement que certaines branches sont trop longues et qu'il reste quelques vilains moignons. L'arbre est maintenant nettoyé avec une paire de ciseaux pointus et aiguisés. Dans quelques années, on devrait avoir le sentiment que Dame Nature est la meilleure artiste et qu'elle crée les meilleures couronnes. La main de l'homme deviendra finalement invisible, même s'il a tant fait.
décembre 2012
Lentement, l'arbre évolue comme il faut. La couronne semble équilibrée et le groupe entier semble avoir grandi avec grâce tout seul. Il donne peut-être au spectateur l'idée que quelque chose comme cela est le résultat d'une approche sans intervention aucune. Cependant sa formation, jusqu'à présent, montre le contraire : ce n'est que grâce à des interventions lourdes et très ciblées, durant de nombreuses années, que peut se développer une telle forme naturelle.
L'arbre a été rempoté dans un pot très approprié dû à Walter Venne d'Allemagne.
février 2013
Les résultats de la formation jusqu'à présent sont tout à fait présentables. Mais ce n'est pas, loin de là, la fin de la formation. Beaucoup de choses ont changé en cinq périodes de croissance, mais le travail continue comme avant.
Dans cinq ans, l'arbre sera encore meilleur. L'inconvénient, cependant, sera que l'arbre ne sera pas vraiment exposable pendant une grande partie de cette période.