L'ARROSAGE
Dans la nature, les arbres envoient leurs racines profondément dans le sol pour capter l'eau qui leur est indispensable en cas de sécheresse. Les bonsaïs, eux, sont entièrement dépendants de leurs propriétaires, qui doivent leur apporter l'eau nécessaire à leur entretien, voire à leur survie (car ce sont souvent des erreurs d'arrosage, du "trop" au "pas assez", qui entraînent leur mort !).
QUAND ARROSER ?
Il n'y a pas une périodicité d'arrosage définie et universelle ("tous les 2 jours", "1 fois par semaine", par exemple) qu'on appliquerait à tous les feuillus ou bien à tous les conifères, encore moins à tous les arbres sans distinction. On n'arrose pas de façon mécanique et régulière : la règle -à l'exception des Rhododendron (Azalea,Rhododendron indicum) qui nécessitent un substrat toujours humide sans être détrempé- c'est qu'il faut laisser le substrat s'assécher plus ou moins entre deux apports d'eau pour éviter la pourriture des racines et les maladies cryptogamiques.

On arrose donc quand l'arbre le demande (cf. indices que sont la couleur de l'akadama et du kanuma et le poids du pot), et la fréquence d'arrosage dépend donc de plusieurs facteurs conjugués :

la saison
et la météo
On multiplie les arrosages en été (parfois deux fois par jour si nécessaire), on arrose peu en hiver puisque les arbres sont en dormance.
Attention, néanmoins, à la déshydratation : il y a plus d'arbres qui meurent de soif que de froid !
Pendant les périodes de gel prolongé, les arbres ne peuvent plus absorber d'eau par les racines : il est impératif de leur en apporter un peu dans les moments où il ne gèle pas ou, si les températures restent négatives longtemps, en rentrant l'arbre dans une cave ou un garage pour le faire dégeler et pouvoir le réhydrater(en ce cas, attendre quelques jours avant de le remettre dehors)

Le vent est dangereux pour les bonsaïs ; il accélère le desséchement et a un effet comparable à celui du soleil ou de la chaleur : même avec une température basse, l'arbre peut avoir soif, du fait que la vitesse d'évaporation par le vent est plus rapide que la vitesse d'absorption par les racines.
Attention, notamment, aux vents hivernaux pour les arbres persistants.

A noter qu'une pluie fine et régulière n'est souvent pas suffisante pour vraiment mouiller le sol en profondeur, le feuillage protégeant le substrat comme un parapluie : il est alors nécessaire de compléter par un arrosage adapté.
le genre de l'arbre D'une manière générale, les feuillus nécessitent d'être plus arrosés que les résineux, mais à l'intérieur de ces catégories il y a des disparités dont il faut tenir compte :
par exemple, un saule (Salix) ou une glycine (Wisteria) ont des besoins en eau bien supérieurs à ceux des autres feuillus ; un cotonéaster, aux feuilles vernissées, résiste mieux à la sécheresse qu'un érable du Japon (Acer palmatum) ou qu'un charme (Carpinus) dont l'extrémité des feuilles sèchent facilement; un Cryptoméria est gourmand en eau, par rapport à un Pinus etc...

Chez les arbres à fleurs, réduire la fréquence de l'arrosage au printemps favorise la formation des boutons floraux ; chez les conifères cela permet l'obtention d'aiguilles plus petites.
l'emplacement La vitesse d'évaporation est plus grande en plein soleil qu'à mi-ombre, le substrat sèche donc plus ou moins vite selon l'emplacement qu'occupe le pot.
le substrat Les composants du substrat ont une capacité de rétention très inégale : l'argile (akadama), le kanuma, la pumice ou la zéolithe retiennent bien l'eau ; le gravier ou sable de rivière (kyriu) la laisse passer, la pouzzolane la retient un peu dans ses alvéoles naturelles : la nature des mélanges employés intervient donc dans la fréquence des arrosages.

De plus, une grosse granulométrie est plus drainante qu'un mélange à fine granulométrie et retient moins d'eau.
le pot La texture, la forme, la couleur ont des effets différents :
-texture : un pot non vernissé laisse passer l'eau par capillarité à travers ses parois, ce qui implique d'arroser davantage que dans un pot émaillé ;
-forme :un pot plat retient l'eau, alors qu'un pot haut et étroit (pour cascade) ne la retient pas du fait de la pression exercée sur la colonne d'eau ;
-couleur : un pot de teinte foncée chauffe plus qu'un pot clair, ce qui implique une évaporation plus importante.

Bien sûr, un petit pot implique des arrosages plus fréquents qu'un grand.
Il faut donc surveiller particulièrement les mame et les shohin aux pots de faible taille et de faible profondeur, qui peuvent nécessiter plusieurs arrosages quotidiens l'été ; on peut les placer sur un plateau rempli de sable humide ou de pouzzolane qu'on maintient mouillée pour augmenter leur réserve d'humidité.
la date du rempotage En cas de rempotage récent, le substrat est souple -et l'eau y pénètre très bien- mais il sèche aussi plus rapidement.
A l'inverse, en cas de rempotage déjà ancien, le substrat se tasse et devient plus compact -ce qui implique que l'eau le traverse plus difficilement- et il met plus de temps à sécher.
l'environnement On arrose plus fréquemment dans un environnement béton (terrasse ou balcon) que dans un environnement végétal (jardin).


En tout cas, pour bien adapter son arrosage aux besoins de l'arbre, il faut avoir en tête 2 principes essentiels :
      -trop d'eau et trop peu de lumière peuvent entraîner la mort par pourriture des racines ;
      -trop de lumière et pas assez d'eau peuvent entraîner la mort par déshydratation.
COMMENT ARROSER ?
L'arrosage se fait de préférence le matin.
On utilise un arrosoir muni d'une pomme spéciale assurant un jet très fin et régulier qui ne ravine pas le sol, et d'un long bec permettant de passer sous les branches ; on peut également employer un tuyau muni d'une lance adaptée.
  

Peu importe l'outil : ce qui compte, c'est la manière dont on va l'utiliser !

Pour être efficace, l'arrosage doit être abondant et bien remplir d'eau tout le substrat : quand la motte entière est imbibée, l'eau s'écoule par les trous de drainage.
Pour arroser comme il faut, le mieux est de faire 2 passages : d'abord, sans s'attarder, on mouille la surface du sol pour l'humidifier et éviter le ruissellement, puis quelques minutes plus tard, on apporte toute l'eau nécessaire (en insistant jusqu'à ce qu'on la voie passer sous le pot).
    

On peut arroser au pied de l'arbre et/ou en pluie par le dessus (ce qu'on appelle le bassinage), mais certains arbres n'apprécient pas d'avoir leurs feuilles mouillées (le Carpinus, par exemple : risque d'oïdium) et il faut éviter de mouiller les fleurs des azalées (Azalea, Rhododendron indicum).

Arroser souvent en petites quantités entraîne la croissance de racines en surface (mais celles-ci, au moindre écart dans la régularité des apports d'eau, sèchent en compromettant la structure de l'arbre) et, en profondeur, le sol reste peu humide, voire sec, ce qui peut être fatal en cas d'ensoleillement direct.

Un principe essentiel doit déterminer la manière d'arroser : beaucoup d'eau en une seule fois plutôt que peu en plusieurs fois.

Arroser beaucoup ne veut pas dire arroser souvent, mais arroser à fond ; arroser peu ne veut pas dire donner peu d'eau, mais laisser plus de temps entre 2 arrosages.
AUTRES PRATIQUES
La brumisation
  Il consiste à pulvériser de l'eau sur le feuillage de l'arbre, mais ne saurait se substituer à l'arrosage proprement dit.
  Beaucoup d'espèces apprécient la brumisation, notamment les genévriers (Juniperus) et les ormes de Chine (Ulmus chinensis) -deux espèces sensibles aux acariens qui pullulent l'été quand il fait chaud et surtout sec- et également les pins () Pinus).

  C'est un complément à l'arrosage par le sol, qui permet d'apporter des engrais foliaires à un arbre sain.
C'est un moyen de réhydratation rapide quand un arbre a souffert de la chaleur et a les feuilles pendantes.
On y a aussi recours pour hydrater et nourrir un yamadori qu'on vient de prélever, et qui ne peut pas encore puiser l'eau par les racines, ou pour sauver un arbre dont les racines commencent à pourrir et ne peuvent plus absorber l'eau suite à des excès d'arrosage (l'arbre souffre alors paradoxalement de manque d'eau).
Le trempage (ou l'immersion)
  En cas de desséchement brutal d'un arbre qu'on a oublié d'arroser, ou de substrat tellement compact que l'eau ruisselle au lieu de pénétrer à l'intérieur du substrat, on immerge le pot dans une bassine d'eau jusqu'à affleurement du rebord extérieur et on attend jusqu'à ce qu'aucune bulle d'air ne s'échappe plus à la surface : c'est un moyen d'être certain que toute la motte est imprégnée d'eau.
  Mais c'est un procédé dangereux s'il est répété trop souvent : les racines risquent de s'asphyxier.

A n'utiliser qu'en cas d'urgence (arbre en train de mourir de soif) ou en attendant le rempotage d'un bonsaï dans un substrat drainant, pas comme moyen d'arrosage habituel (malgré les conseils parfois donnés dans les jardineries) !