AMELIORER UN NEBARI
Cet article illustre comment on peut améliorer, voire métamorphoser un nebari en une dizaine d'années.
L'arbre est un Acer campestre (érable champêtre), fin comme un crayon en 2000 et mis en pleine terre pendant 5 ans pour favoriser un épaississement rapide du tronc. Au moment de la plantation, un garrot est appliqué au-dessus du système racinaire existant pour encourager des racines de surface à se développer à mesure que le tronc s'épaissit, dans le but d'obtenir un meilleur nebari
2005


Lorsque l'arbre est déterré, après la taille du système racinaire on constate que le garrot a produit des résultats très mitigés :

      

on voit que les racines "garrotées" sont, comme il se doit, toutes apparues à la même hauteur sur le tronc et que leur aspect est acceptable.
Mais seules trois racines épaisses et non effilées sont visibles à l'avant de l'arbre...et, à l'arrière, les racines superficielles sont trop basses : de nouvelles racines sont nécessaires au milieu de la zone entourée en rouge pour créer une disposition radiale des racines.


L'arbre est planté dans un conteneur de pépinière pour lui permettre de récupérer avant d'autres travaux sur les racines au printemps suivant.
2006
Au printemps, des trous sont percés dans le tronc et sont ensuite remplis d'hormone d'enracinement : cela peut parfois provoquer la croissance de nouvelles racines autour des plaies, mais ce n'est pas le cas !

Donc, en juin, 2 jeunes arbres sont greffés à l'avant de la base du tronc et un autre à l'arrière de l'arbre.
En même temps, l'une des épaisses racines de surface d'origine est scindée en deux : en enlevant une grande quantité de bois directement au centre de la racine tout en conservant ses côtés, elle est divisée en deux moitiés vivantes qui, à mesure de leur cicatrisation, deviennent deux nouvelles racines individuelles.

N.B. Diviser la racine de cette manière a pour but de créer une conicité et une ramification de la racine.
2007
Quatre autres jeunes arbres sont greffés à l'arrière du tronc afin de produire une répartition uniforme et complète des racines autour de la base du tronc.
Les greffons sont laissés pratiquement libres de croître pour encourager une forte prise de la greffe.

Dans l'image ci-contre, il est possible de voir une racine qui a été greffée mais qui n'a pas encore fusionné et la minuscule vis en laiton qui maintient le jeune arbre en place pendant qu'il se greffe en position.
2009
Au début de l'année, chacun des greffons est taillé durement pour encourager la sève à s'écouler dans le tronc principal plutôt que de continuer d'alimenter le haut de chaque jeune arbre greffé.










2010
Au printemps, les greffons à l'arrière du tronc ont bien cicatrisé. Toutes les greffes (sauf une) ayant pris, toute trace des jeunes arbres d'origine est effacée et les plaies sont recouvertes avec un cicatrisant.

Sur l'image ci-contre, à droite, il est possible de voir où l'un des greffons n'a pas été suffisamment fixé contre la base du tronc pendant le processus de greffage et n'a donc pas réussi à fusionner. Un nouveau jeune arbre sera greffé à cet endroit plus tard dans l'année.



L'arbre est sorti de son conteneur de pépinière ; il est ensuite mis à racines nues afin que le système racinaire puisse être soigneusement taillé.
Maintenant qu'il y a une structure racinaire de surface suffisante, on enlève autant de bois vivant que possible à la base de la motte.
Cette technique encourage l'émergence de nouvelles racines à partir de la structure racinaire de surface existante, créant à son tour un système racinaire plus plat et permettant un meilleur développement du nebari et de la base du tronc.
L'épaisse racine avant, qui a été scindée en deux au printemps 2006, s'est transformée en deux racines qui se sont bien développées.
Les deux greffes faites à l'avant de l'arbre la même année n'ont pas pris à 100% : les greffons sont élagués durement pour le moment et seront autorisés à se développer librement tout au long de 2010 pour s'assurer qu'ils se greffent solidement.
Toutes les racines des jeunes arbres greffés ont produit un système racinaire plat.
L'érable est enfin installé dans un grand mica pot, le temps que la structure des branches continue d'être développée.

La hauteur de l'arbre est alors de 30 cm, avec un diamètre de tronc au-dessus des racines de 7,5 cm
2014
Quatre ans après, la ramification du bonsaï s'est considérablement accrue avec le développement des racines superficielles du nebari.












Les racines à l'arrière du bonsaï continuent à bien se développer ; cependant, il faudra encore plusieurs années avant que les cicatrices ne disparaissent.
Au printemps, l'arbre est rempoté dans son premier pot à bonsaï créé par Victor Harris d'Erin Pottery.

L'arbre, après 14 ans de développement à partir d'un jeune plant, fait une hauteur de 35cm et le diamètre du tronc au-dessus des racines est d'environ 8,5 cm.